Tout simplement extraordinaire !
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- Le 21/06/2014
- Dans Articles 2014
- 3 commentaires
Kaa et l'orchidée - Acrylique sur papier spécial - 21 x 30 - 2014
A deux reprises, cette semaine, un interlocuteur a évoqué à propos de mon activité le plaisir de peindre.
Lorsque j'ai commencé à étudier la peinture, début 2011, je pense avoir ressenti cette sensation mais, je le sais maintenant, elle n'était pas liée à l'activité de peindre ; plutôt à la fierté d'arriver à un résultat inespéré à mes yeux.
Mes professeurs ont ensuite parlé, à de nombreuses reprises, de l'importance de se laisser aller au plaisir de peindre ou de dessiner. Je l'ai trouvé, parfois, dans le dessin, très rarement dans la peinture.
A cette période, quand on me parlait du plaisir que j'éprouvais dans ce que je faisais, j'acquiessai poliment sans aller plus loin.
Aujourd'hui, lorsque mon interlocuteur évoque mon plaisir à peindre, j'essaye de lui expliquer, avec diplomatie, que je n'exerce pas dans ce registre. Je sens alors dans son regard une pointe d'interrogation, voire d'incompréhension, du genre : "pourtant, peindre est une activité merveilleuse et j'ai du plaisir à regarder tes œuvres, du moins nombre d'entre elles... Comment peux-tu faire de belles choses sans plaisir ?" Vaste débat !
Alors pourquoi continuer dans ces conditions ? Qu'est-ce qui me fait poursuivre dans cette voie ?
Je trouve dans la peinture une école où j'apprends :
- à avoir un regard critique et bienveillant sur mon travail et sur celui des autres
- à oser et prendre des risques calculés selon que je tiens ou non à ce qui est déjà sur la toile
- à identifier ce qui est grave et important et ce qui ne l'est pas
- à m'exposer au regard des autres et communiquer sur ce que je fais sous peine de ne pas exister socialement
- à être généreux à de nombreux points de vue : de temps, de matière sur la toile, de gestes dans l'exécution...
- à assumer mes gestes et mes traits : revenir sur un geste c'est l'appauvrir, le diluer, lui enlever du sens
- à faire dialoguer les énergies physiques et cérébrales
- à faire des choix sur tout ce qui intervient dans une œuvre : la dimension, la composition, les couleurs, les outils, les gestes, le moment...
- à chercher/comprendre qui je suis pour délivrer une œuvre sincère
- à observer mes émotions et comprendre ainsi celles des autres face à la beauté, la grâce, l'harmonie... ou à leur contraire
- à identifier d'où je viens, ce qui m'amène ici maintenant et à comprendre pourquoi l'autre, que l'on croit si proche, réagit différemment de ce que l'on attend parce qu'il a une histoire que l'on ne connaît pas...
Vous aurez compris que la liste n'est pas exhaustive.
Quand une activité vous amène à tout cela en même temps c'est tout simplement extraordinaire ! Chacun a en lui un laboratoire d'expériences pour vivre mieux avec lui-même et avec les autres. C'est pour cela que je persévère et si je ne trouve pas souvent de plaisir en peignant, le champ des découvertes est tel que si le plaisir vient, c'est tant mieux et s'il ne vient pas, ce n'est pas grave car j'en éprouve en bien d'autres occasions.
Commentaires
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- 1. Stacke Edouard Le 23/06/2014
Et si le vocabulaire du plaisir était partiellement tabou, avec celui de l'innocence, de l'étonnement, du lacher-prise et du presque rien!
Merci néanmoins pour le partage et les œuvres.
Edouard -
- 2. jean Le 23/06/2014
En te lisant je pense à Ricardo Leon qui écrivait "plaisir non obtenu vaut mieux que plaisir comblé" et j'en conclus que tous les espoirs sont permis! -
- 3. david Le 21/06/2014
mante rouge a trouvé son challenger :)
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