Défi d’artistes – J2 : Je me débats, fatigué

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  • Le 17/02/2017
  • 2 commentaires

 

Defi d artistes echo 2

Défi d'artistes - Echo 2 - Acrylique sur toile - 100x40 - 2017

J’arrive ce matin dans la lignée (aligné ?) de là où j’en étais hier soir. J’avais su gérer les moments d’adversité ; je devrais savoir le faire aujourd’hui.

Je retrouve les réflexes de ma « vie d’avant » en identifiant ce qui me paraît urgent et important, en l’occurrence élaborer une réponse au défi du public qui est de « faire l’esquisse du projet artistique le plus fou que vous puissiez imaginer ». Comme la veille, je commence ma journée par ce point de repère en guise d’échauffement.

Je poursuis l’idée trouvée hier mais plus j’avance, plus ça devient complexe. Dans mon projet, je fais interagir les gens, la technologie, la géographie, les couleurs et le mouvement. Comme hier cette complexité devient plus lourde que stimulante mais bon… je n’ai pas d’autre piste. Je suis dans le marécage, je ne peux rien faire d’autre qu’avancer. Au bout d’une heure, arrivé à saturation, j’arrête le travail pour passer à autre chose.

Je construis un nouveau châssis rectangulaire pour travailler sur une nouvelle toile. Lors de récentes expositions, plusieurs spectateurs m’ont dit que mes gestes colorés les réconciliaient avec les fonds sombres. Je décide de prendre cette direction pour commencer ma toile. Pour la première fois depuis 4 ans, j’abandonne les couleurs primaires pour choisir un pourpre déjà fait. Je dois être dans une bonne énergie car le résultat me convient. J’enchaîne en préparant une seconde toile et là, tout bascule.

Alors que j’étais dans ma barque, plutôt tranquille, voguant sur l’océan de la création, je ne m’étais pas rendu compte que mon embarcation prenait l’eau. Je sens que ça penche, j’essaye de rétablir l’équilibre. Mes gestes sur la toile deviennent hasardeux, plus secs, plus courts. La belle énergie dont je parlais plus tôt n’est même plus un souvenir. Je me débats pour ne pas passer par-dessus bord. Avec l’énergie du désespoir, je sens que je surcharge ma toile de gestes et de couleurs. Arrivé à saturation, je déclare ma toile terminée avant de plonger.

Bon sang, que l’eau est froide !! Comme hier, je sens que « plus rien ne vient ». Mais autant hier je ne m’affolais pas, résolu à laisser passer l’orage, autant là, maintenant, je sens que la panique vient s’ajouter au désespoir. Je ne sais pas na-geeerrr ! J’ai envie d’appeler à l’aide mais je me ravise dans un instant de lucidité. De quoi ai-je peur ? Qu’est-ce qui me pose problème ? Rien n’est grave. Je suis juste dans une situation inconfortable et de plus, je l’ai cherchée. Cette sensation me ramène 5 années en arrière, le jour de ma découverte de l’art abstrait. J'avais alors vécu un moment d'anxiété profonde.

Je décide de m’aérer. Je me balade dans le quartier (Bonne Nouvelle, Grands Boulevard, y’a pire !), flâne dans une librairie, reviens à la Galerie, prend mon ordinateur et rédige mon article de blog sur « Défi d’artistes – J1 ». En fin de journée, nous débriefons avec Olivier et nos « témoins », qui sont des personnes de notre entourage qui ont accepté d’endosser le rôle du public pour nous aider à présenter notre défi.

La panique est retombée. J’ai de la compassion pour l’enfant que j’étais aujourd’hui, qui se débattait dans ce qu’il croyait être l’océan et qui n’était qu’une pataugeoire. Je me sens profondément humain, c’est-à-dire fragile, sensible, mais avec une force qui me tient debout. La fatigue est là. Le soir, une fois rentré à la maison, je prends ma tension : 10 / 6. Je ne l’avais jamais vue aussi basse. Une nuit d’un sommeil court mais réparateur devrait me remettre d’aplomb.

 

Si vous le pouvez, venez demain vendredi 17 février au vernissage, à partir de 18h30, ou samedi 18 / dimanche 19 février de 14h à 19h au « Laboratoire d’exposition », 13 rue de l’Échiquier – 75010 Paris.

Le public est un élément essentiel de la création artistique par le regard qu’il propose à l’artiste sur son œuvre. Chaque regard est une naissance avec tout ce qu’elle apporte de joie et de partage.

 

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Commentaires

  • Bayo lydie
    • 1. Bayo lydie Le 17/02/2017
    Bonjour Denis,
    L'avancée dans l'inconnu réserve bien des surprises surtout lorsqu'il s'agit de soi. L'océan intérieur n'est un "long fleuve tranquille " mais une "mère " agitée de tout nos affects connus et inconnus. Ce sont ces deniers qui procurent l'inconfort et la perte des repères rassurants. il faut alors les apprivoiser pour qu'ils deviennent source de progrès à la fois sur la connaissance de soi mais surtout sur le nouvel l'horizon qui s' ouvre.
    Vous avez franchi une nouvelle étape et votre œuvre du jour en est imprégnée, je vois dans celle-ci votre cœur qui bât. Un électrocardiogramme de ce moment si particulier, que le vent soudain levé ne dévie pas de son chemin, chemin qui mène vers l'intérieur de soi et qui au fil de l'expérience s'apprivoise pour au final.....l'expérience se poursuit voyons ce qu'il en sera.
    Lydie
  • isabelle
    Merci pour cs plongées dans des océans pataugeoires, révélateurs de l'essentiel ;)

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