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défi d'artistes

  • Défi d'artiste - L'expo

    Defi d artistes hesitations

    Défi d'artistes : Hésitations - Acrylique sur toile - 100x50 - 2017

    Nos 3 jours de création furent immédiatement suivis de 3 jours d'exposition présentant les œuvres produites les trois premiers jours.

    Exposer à 7 dans un espace investi en général par 2 ou 3 artistes est un exercice délicat. Chacun doit trouver sa place sans qu'un autre y trouve à redire. Dans cet exercice potentiellement périlleux, Olivier, maître des lieux et grand ordonnateur de l'évènement, est garant de l'harmonie de son déroulement. Il est indispensable que chaque artiste se sente traité équitablement. Pour autant, il ne s'agit pas pour un artiste de s'effacer au profit d'un autre sous prétexte d'équité, que ce soit par gentillesse ou par faiblesse. Il ne doit pas penser "ensemble" ni accepter d'emblée un emplacement qui ne lui convient pas sous prétexte de ne "pas faire de vagues".

    L'équilibre fut rendu possible par la rigueur bienveillante d'Olivier et la volonté de chaque artiste de parvenir dans un temps imparti à un résultat acceptable pour tous. Chacun a ainsi trouvé son espace. Le style de chaque artiste est particulier mais le choix des créations et leur accrochage donnaient une réjouissante impression de fluidité au regard.

    Une expo n'est pas une simple collection d'œuvres exposées au public. Il doit s'en dégager quelque chose en tout moment et tout lieu : de l'extérieur, à l'entrée de la galerie et quelque soit l'endroit où l'on s'y trouve. La première erreur est de surcharger l'espace. Les œuvres s'étouffent alors les unes les autres. Il se dégage d'une toile ou d'une sculpture une force, une puissance relative qui la rend fréquentable ou non par d'autres créations. À ne pas recpecter la bonne distance, on crée une cacophonie visuelle ou sensorielle qui ne doit exister que si elle est un parti pris, une volonté de l'exposant.

    Cette expérience collective restera pour moi une référence pour l'avenir. J'en retiendrai aussi qu'une exposition est vivante et que le public peut la faire évoluer. Ce fut le cas en ce qui me concerne. Des toiles rectangulaires présentées verticalement se sont retrouvées à l'horizontale pendant qu'une autre est devenue verticale. Ce changement de format a impliqué qu'une des toiles exposées a été retirée.

    La relation au public a été à l'image de cette manifestation : harmonieuse, joyeuse, fluide et parfois empreinte de ces émotions qui restent pour toujours gravées dans la mémoire tant elles sont fortes. Des expositions personnelles ou collectives que j'ai réalisées à ce jour, celle de "Défi d'artistes" est celle qui m'aura fait le plus progresser en tant qu'exposant. Elle m'aura permis de fixer des repères qui éclaireront mes choix pour les expositions à venir.

  • Défi d’artistes – J3 : Synthèse

    Les murs rien

    Défi d'artistes - "Les murs rien" - Acrylique sur toile - 90x90 - 2017

    J'ai du mal à parler de J3. Pourtant ce fut la journée la plus tranquille des trois, ou devrais-je dire la moins chaotique.

    C'est probablement dû à l'intensité avec laquelle j'ai vécu les 2 premières journées de "Défi d'artistes". En passant du plus haut au plus bas et en ayant, comme je l'ai eue, la possibilité d'observer mes réactions et mes émotions, la suite est médiane, mitoyenne, moins extrême en tous cas que ce qui a déjà été vécu.

    Pour résumer, j'associerais J1 à la découverte (je fais le tour du problème, comment je commence), suivie de la confiance (j'ai compris comment procéder et j'arrive à lâcher prise), puis d'une certaine lassitude (j'ai besoin de récupérer).

    Derrière J2, je mettrais la stupeur (ça ne se passe pas comme prévu), suivie du rejet (je ne me sens pas bien ici, la collectivité me pèse, j'ai envie de fuir) pour terminer par la résignation (j'ai choisi d'être là, j'assume d'y rester).

    J3 me donne une impression de synthèse. J'ai la sensation de vivre J1 et J2 avec moins d'émotion, et même un certain détachement. La collectivité n'est plus un problème : j'arrive à m'isoler. Je n'ai pas envie de peindre ? Ce n'est pas un problème : je sors, je lis, j'écris. Je devrais profiter de tout ce matériel disponible pour permettre l'émergence de la création ? Rien de plus simple ! Il suffit de s'y mettre.

    J'aurais voulu faire une toile d'un mètre sur 40cm, mais il n'y a plus de châssis de cette dimension. Même pas grave ! J'aurais voulu du blanc pour faire mon fond, mais les tubes de blanc sont vides. Et alors ? La création s'invitera à partir de ce qui est disponible : ce sera donc un carré de 90cm de côté et je prendrai de la couleur chair au lieu du blanc. "Les murs rien" émerge de ces manques et c'est très bien comme ça. L'œuvre n'est ni bonne, ni mauvaise. C'est elle qui devait être produite à cet instant avec ces moyens. Elle sera la seule de cette troisième journée.

    Celle-ci se termine par une grande opération de nettoyage. Demain, vendredi, nous faisons l'accrochage.

  • Défi d’artistes – J2 : Je me débats, fatigué

     

    Defi d artistes echo 2

    Défi d'artistes - Echo 2 - Acrylique sur toile - 100x40 - 2017

    J’arrive ce matin dans la lignée (aligné ?) de là où j’en étais hier soir. J’avais su gérer les moments d’adversité ; je devrais savoir le faire aujourd’hui.

    Je retrouve les réflexes de ma « vie d’avant » en identifiant ce qui me paraît urgent et important, en l’occurrence élaborer une réponse au défi du public qui est de « faire l’esquisse du projet artistique le plus fou que vous puissiez imaginer ». Comme la veille, je commence ma journée par ce point de repère en guise d’échauffement.

    Je poursuis l’idée trouvée hier mais plus j’avance, plus ça devient complexe. Dans mon projet, je fais interagir les gens, la technologie, la géographie, les couleurs et le mouvement. Comme hier cette complexité devient plus lourde que stimulante mais bon… je n’ai pas d’autre piste. Je suis dans le marécage, je ne peux rien faire d’autre qu’avancer. Au bout d’une heure, arrivé à saturation, j’arrête le travail pour passer à autre chose.

    Je construis un nouveau châssis rectangulaire pour travailler sur une nouvelle toile. Lors de récentes expositions, plusieurs spectateurs m’ont dit que mes gestes colorés les réconciliaient avec les fonds sombres. Je décide de prendre cette direction pour commencer ma toile. Pour la première fois depuis 4 ans, j’abandonne les couleurs primaires pour choisir un pourpre déjà fait. Je dois être dans une bonne énergie car le résultat me convient. J’enchaîne en préparant une seconde toile et là, tout bascule.

    Alors que j’étais dans ma barque, plutôt tranquille, voguant sur l’océan de la création, je ne m’étais pas rendu compte que mon embarcation prenait l’eau. Je sens que ça penche, j’essaye de rétablir l’équilibre. Mes gestes sur la toile deviennent hasardeux, plus secs, plus courts. La belle énergie dont je parlais plus tôt n’est même plus un souvenir. Je me débats pour ne pas passer par-dessus bord. Avec l’énergie du désespoir, je sens que je surcharge ma toile de gestes et de couleurs. Arrivé à saturation, je déclare ma toile terminée avant de plonger.

    Bon sang, que l’eau est froide !! Comme hier, je sens que « plus rien ne vient ». Mais autant hier je ne m’affolais pas, résolu à laisser passer l’orage, autant là, maintenant, je sens que la panique vient s’ajouter au désespoir. Je ne sais pas na-geeerrr ! J’ai envie d’appeler à l’aide mais je me ravise dans un instant de lucidité. De quoi ai-je peur ? Qu’est-ce qui me pose problème ? Rien n’est grave. Je suis juste dans une situation inconfortable et de plus, je l’ai cherchée. Cette sensation me ramène 5 années en arrière, le jour de ma découverte de l’art abstrait. J'avais alors vécu un moment d'anxiété profonde.

    Je décide de m’aérer. Je me balade dans le quartier (Bonne Nouvelle, Grands Boulevard, y’a pire !), flâne dans une librairie, reviens à la Galerie, prend mon ordinateur et rédige mon article de blog sur « Défi d’artistes – J1 ». En fin de journée, nous débriefons avec Olivier et nos « témoins », qui sont des personnes de notre entourage qui ont accepté d’endosser le rôle du public pour nous aider à présenter notre défi.

    La panique est retombée. J’ai de la compassion pour l’enfant que j’étais aujourd’hui, qui se débattait dans ce qu’il croyait être l’océan et qui n’était qu’une pataugeoire. Je me sens profondément humain, c’est-à-dire fragile, sensible, mais avec une force qui me tient debout. La fatigue est là. Le soir, une fois rentré à la maison, je prends ma tension : 10 / 6. Je ne l’avais jamais vue aussi basse. Une nuit d’un sommeil court mais réparateur devrait me remettre d’aplomb.

     

    Si vous le pouvez, venez demain vendredi 17 février au vernissage, à partir de 18h30, ou samedi 18 / dimanche 19 février de 14h à 19h au « Laboratoire d’exposition », 13 rue de l’Échiquier – 75010 Paris.

    Le public est un élément essentiel de la création artistique par le regard qu’il propose à l’artiste sur son œuvre. Chaque regard est une naissance avec tout ce qu’elle apporte de joie et de partage.