Georges Mathieu
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Rébellion, action, réaction !
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- Le 27/06/2016
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Réaction - Acrylique sur carton toilé - 50x70 - 2016
Il souffle comme un vent de rebellion contre l'ordre établi. Les grévistes, les manifestants, les zadistes... et moi ont un point commun : ils agissent, chacun à leur manière pour exprimer leur réaction.
Mon microcosme personnel est en effet sujet à chamboulement. Je me sens bloqué depuis plusieurs semaines, incapable de produire une nouvelle toile. Ce n'est pas la première fois que ça m'arrive mais cette fois-ci, je ressens quelque chose de différent. Précédemment, je devais retrouver un peu de fraîcheur, le plus souvent à l'issue d'une période créative. Là, je ressens une certaine lassitude à devoir faire un geste coloré de plus.
Au moment où cette sensation devient insupportable, je me rends à l'évidence que la solution est d'agir : je me suis mis en tête, voici quelques mois, que l'Abstraction Lyrique était ma voie d'épanouissement. Je m'y suis retrouvé au moment où j'avais besoin de repères mais aujourd'hui, les 4 principes édictés par Georges Mathieu deviennent contraignants.
Et si je m'accordais la liberté de faire autrement, de peindre lentement des formes existantes ? L'idée folle de faire un carré me traverse l'esprit lorsque je prends un toile vierge et que j'en peins un, puis un second, un troisième...
La voilà ma rébellion ! L'énorme différence avec ce qui se passe dans la rue est que je suis à la fois gardien de l'ordre et rebelle. Réalisé tranquillement, le résultat de cette libération s'appelle "Réaction".
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The Paint, Saison 5
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- Le 14/02/2016
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Watashiva 3 - Acrylique sur toile - 100x80 - 2016
Je regarde l'émission The Voice depuis la première saison. Avec la saison 5 qui commence, je prends conscience à quel point mon œil et mon oreille ont évolué au fil des années. Je ne la regarde plus avec le même œil, la même oreille mais toujours avec beaucoup d'émotion.
Cette émission, avec son concept de sélection à l'aveugle, m'a aidé, au fil des années, à saisir ce qu'est la personnalité artistique. Lors des 2 premières saisons, j'avais du mal à comprendre que les coaches ne sélectionnent pas des voix que je trouvais extraordinaires et qui m'impressionnaient. En 4 années, je suis passé de l'impression à l'émotion consciente. J'ai appris à faire la part des choses entre la performance, l'intention et la sincérité.
Saison 1 : début 2012, je me débattais avec ma copie de "La Liseuse" de Fragonard, je désespérais de comprendre comment pratiquer l'aquarelle, je tentais 5 heures par semaine de saisir au crayon ou au lavis les silhouettes des modèles. Je voulais "y arriver". Dans The Voice, il y avait ceux qui savaient chanter et ceux pour qui c'était plus... difficile, mais je reste subjugué et admiratif de l'audace des prétendants.
Saison 2 : 2013. J'ose des couleurs improbables en peignant mes montagnes. J'intègre progressivement la notion de composition et aborde les œuvres avec un regard plus critique. A force de répétitions bienveillantes, Delphine, au Ladakh, me permet d'ouvrir certains carcans dont j'étais prisonnier. Le doute devient moteur. Je comprends la notion d'harmonie en peinture et pourquoi des toiles me touchent immédiatement, sans décodage. Dans The Voice, je découvre que ce sont la couleur et la texture d'une voix qui me donne la chair de poule et non la perfection vocale. J'ai l'impression de comprendre comment "ça" fonctionne, pourquoi le frisson arrive.
Saison 3 et 4 : 2014-2015. Je commence cette période en faisant un peu de tout. Je copie Sorolla et Odilon Redon, je crée un livret d'aquarelles "Paris vu de la Seine". J'ai besoin de me situer, de trouver des références. Parmi elles, l'Abstraction Lyrique, Georges Mathieu et Hans Hartung deviennent des ancrages, des ports dans lesquels je me retrouve. En 2015, j'arrête les cours et ne peins plus que des gestes colorés sur des formats de plus en plus grands. Je crée mon site internet, deviens plus visible et suis grâce à cela invité à exposer dans mon premier salon. Dans The Voice, la qualité des prestations augmente mais je ne suis plus surpris lorsqu'un candidat n'est pas sélectionné. Je comprends ce que cherchent les coaches et j'accepte avec bonheur l'émotion qui m'étreint. Je me projettte dans ces jeunes artistes avec plus de confiance
Saison 5 : 2016. Je parcours plusieurs salons et vois de plus en plus d'artistes qui m'inspirent. J'ai le sentiment qu'ils me montrent la voie. Je les aborde tous, dès lors que leurs œuvres me touchent. Sur les stands des salons, je rencontre aussi des agents d'artistes, des galeristes, responsables d'évènements artistiques. Je développe des outils de communication, utilise systématiquement les réseaux sociaux et professionnels... Plus j'explore l'histoire de l'art et l'actualité de la peinture, plus je vois de belles choses, qui me touchent et me transportent. Dans The Voice, le niveau d'ensemble devient TRES élevé. Ça rend humble... Ce que j'entends provoque plus souvent une émotion qui n'est ni une attente, ni une surprise. Je comprends comment on se retrouve sur scène, question de détermination et de hasards.
Comme les artistes qui tentent leur chance à The Voice, je tente la mienne en présentant une candidature ambitieuse pour exposer en fin d'année. Sur 1000 dossiers soumis, une centaine seulement sera sélectionnée. L'émotion suscitera-t-elle la sélection ? La composition du dossier provoquera-t-elle l'intérêt ou, à défaut la curiosité ? Un galeriste m'a dit aujourd'hui que les nouveaux candidats sont rarement retenus. Au pire, j'aurai grimpé la première marche vers mon ambition. Cool !
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Enfin ouverte...!
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- Le 28/06/2015
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Kandinski - Gelb-Rot-Blau - 1925
Le 21 février dernier, je regrettais de ne pas avoir pu accéder aux collections d'art moderne du Centre Pompidou, cette partie du musée étant en réfection.
Je rêvais de voir les œuvres de Kandinski "en vrai". Ça, c'est fait, car les salles d'art moderne sont de nouveau accessibles au public !
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Cerner la posture
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- Le 17/01/2015
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Calligo - Acrylique sur toile - 55 x 46 - 2015
Le catalogue de l'exposition Mathieu organisée à la FIAC 2014 par la Galerie Applicat-Prazan est une mine d'informations à propos de cet artiste dont je me sens de plus en plus proche dans la façon de travailler mes gestes colorés.
En page 12 sont cités les 4 critères par lesquels Georges Mathieu définissait l'Abstraction Lyrique :
1. Primauté accordée à la vitesse d'exécution
"Je n'ai pas peint par manque de temps ou pour battre des records mais simplement parce qu'il ne fallait pas plus de temps pour faire ce que j'avais à faire et qu'au contraire un temps ralentissant les gestes, introduisant des doutes, aurait porté atteinte à la pureté des traits, à la cruauté des formes, à l'unité de l'œuvre"2. Aucune préexistence des formes
"En supprimant les 3 références à la Nature, à une esthétique et à une esquisse, la peinture allait permettre une plus grande rapidité d'exécution"3. Absence de préméditation des gestes
"Tous mes gestes s'enchaînent et je ne peux ni les expliquer ni les modérer. Il ont pour aboutissement une sorte d'écriture inspirée, réalisée sans aucune préméditation"4. Nécessité d'un état second de concentration
"Je ne peux pas travailler quand je sais que j'ai huit mois pour faire quelque chose. C'est à la dernière minute que vient la concentration totale. Seule la concentration peut faire naître l'inédit, le sublime, l'émouvant, l'exceptionnel".Mathieu exprime beaucoup de choses que je ressens et me décomplexe. Ses mots m'aident à "digérer" que rapidité n'est pas synonyme de facilité. Comme Mathieu, je ressens un appel, une impulsion qui commande de passer à l'acte et ne se décrète pas, ne s'organise pas, ne se prépare pas. C'est dans cette sorte d'état d'urgence que naissent mes "Gestes colorés". Si je ne suis pas habité par cette sensation, la vitesse du geste sera trop lente ou empreinte de doute et là... le souffle se change en brise légère et l'émotion risque l'absence.
Ainsi, au fil de l'expérience, je cerne la posture efficace, celle qui me permet de créer avec force et sincérité. Si je peinds moins souvent, je sais pourquoi et je l'accepte.