The Voice
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Saison 7 : les mouchoirs sont de retour !
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- Le 28/01/2018
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Akai - acrylique sur toile - 2m x 1,50m - 2017
Cette saison 7 de « The Voice » est un rendez-vous que je n’avais pas forcément envie d’honorer. Dans la matinée de ce dimanche 28 janvier, j’avais déjà vécu des moments intenses avec le combat épique entre les finalistes de l’Open d’Australie de tennis et la dernière étape spéciale du Rallye de Monte-Carlo. Peu importe les vainqueurs, c’est l’intensité qui me fait vibrer et des sensations, j'en ai eu à foison.
C’est presque par hasard qu'une fois le calme revenu je me suis rendu compte qu’hier soir, c’était la première émission de la nouvelle saison de The Voice, que je suis depuis sa création. Chaque année début d'année depuis 2012, il est l’écho de ma progression artistique et de l’évolution de mon rapport à l’émotion viscérale, celle qui prend aux tripes. Qu'en serait-il avec l'édition 2018 ? La seule façon de savoir si la rencontre se fera une fois encore est d'en regarder le replay.
Comme à chaque fois, je sens quelque chose de différent. Les deux premières années, en 2012-2013, j’étais dans l’admiration du talent des candidats. En 2014 et 2015, j'étais dans l'observation des techniques pour m’asseoir ensuite le plus souvent dans le fauteuil des coaches et tenter de percevoir les raisons de leurs (non-)sélection des différents candidats. Dans cette septième édition, j’ai la sensation de passer successivement des candidats aux sélectionneurs en passant par le public. Je me trouve dans la peau (ou plutôt la tête) du candidat qui chante puis, l'instant d'après, dans celle d'un des coaches qui se demande s'il va sélectionner le candidat puis, en une fraction de seconde, quelque part au dessus du plateau, à observer l'ensemble, l'atmosphère, les ondes qui flottent. Je butine des impressions et des sensations au gré des interprétations, des réactions des coaches, des atmosphères qui surviennent, des instants improbables et de ceux qui font tout basculer. J’ai des rétro-fusées directement branchées sur mon cerveau. Elles me permettent de mettre instantanément la bonne distance par rapport aux individus, aux œuvres et aux situations, selon mon inspiration. Je me sens davantage observateur que les années précédentes. De ce qui se passe de l'autre côté de l'écran mais, surtout, de moi-même et de mes réactions, sans jugement.
Parmi la douzaine de prestations, deux m'ont particulièrement marqué :
- Gulan, néo-calédonien de 45 ans, chante une chanson traditionnelle mélanésienne. Le son de la guitare, accordée en open-tuning, est pur, translucide même. La voix, douce, envahit l'espace. Après seulement quelques secondes, Zazie appuye sur le buzzer, sélectionnant l'artiste. L'émotion m'étreint. Florent Pagny choisit le moment où mes tripes se nouent pour, à son tour, se retourner et dire à Gulan "Je te veux dans mon équipe !". Sa famille, présente en coulisses est en larmes, profondément émue par l’interprétation. Sa présence est d’une force exceptionnelle. Il prend l’ascendant sur tout le monde, coaches inclus. On les sent tous petits au moment où le candidat doit choisir celui ou celle qui va l'accompagner pour la suite. Gulan, pieds nus, vêtu d'une simple tunique et d"un turban, les joues couvertes de peintures tribales, ne sait quoi faire ou dire au moment de quitter le plateau. Il semble égaré dans ce lieu mais, pourtant, ce sont les coaches qui semblent les plus gênés. La Présence, avec un grand P, c'est lui, avec sa simplicité et sa sincérité. Il paraît tellement authentique dans ce lieu ou tant de choses sont artificielles. Pas d’effusion avec sa famille lors du retour en coulisses. Gulan impose une distance par le respect qu’il inspire. Un moment unique !
- Renata a mis le feu au public malgré plusieurs bleuseries, ces moments où les notes dissonnent légèrement, pas fausses mais pas complètement justes non plus. « C’était pas parfait, mais c’était parfait dans l’intention et parfait dans l’émotion », dit Mika. Renata répond : « Je me suis dit : je viens ici pour m’amuser… Du coup, j’ai oublié la justesse, j’ai tout oublié, mais je me suis vraiment amusée ! », nous prouvant qu’en étant simplement soi-même, la personnalité qui transparaît à travers la voix a bien plus d’impact que la technique vocale. Une leçon toujours utile à entendre dans notre monde où le comportement est dicté, et souvent biaisé, par l’obligation de réussir. Renata nous rappelle qu’au moment ultime, le mieux est d’oublier la fin. Penser à l’objectif, c’est cloisonner son énergie. Être dans l’instant, c’est donner à sa personnalité la possibilité de transpercer la plus puissante des carapaces. C’est rendre l’autre curieux et permettre la rencontre. La technique enferme. Parfois aussi la volonté, alors que la sincérité libère et ouvre. Renata a écouté ce qu'elle se disait... pas ce qu'elle voulait.
Tout cela est très intéressant mais il manquerait quelque chose si je n'avais pas la boite de mouchoirs à côté de moi pour me permettre d'essuyer les larmes que provoquent les bouffées d'émotions. Comme celles qui ont submergé Pascal Obispo lorsque la toute jeune Rebecca interprète sa chanson "Lucille". Ces moments de chavirement laissent des impressions marquantes et rappellent comme il est bon, parfois, de se laisser envahir !
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The Voice & The Paint - saison 6
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- Le 19/04/2017
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L'année dernière à la même époque, je publiais un article intitulé "The Paint - saison 5".
J'y faisais un parallèle entre mon parcours d'artiste et ce que je ressentais depuis 2012 en regardant l'émission "The Voice", télécrochet annuel destiné à révéler les talents de chanteurs émergents. Sa particularité est que la sélection des candidats se fait à l'aveugle, les coaches tournant le dos aux candidats et ne jugeant ainsi que la voix.
L'arrivée de la saison 6 sonne l'heure de ce rendez-vous qui, chaque année, me fait ressentir des émotions identiques mais des sensations différentes. Parce que ni moi, ni les Voix qui se présentent, ni les coaches ne sommes les mêmes. Il n'y a pas de routine qui s'installe et qui fait que cette année ou cette saison ressemble aux précédentes.
Que s'est-il passé pour moi depuis mon article et comment réagit le Denis d'aujourd'hui face à cette nouvelle saison de "The Voice" ?
Je terminais mon précédent article (The Paint - saison 5) en confiant préparer un objectif ambitieux. Il s'agissait de présenter ma candidature pour exposer aux Salons MacParis et Réalités Nouvelles 2016. Fin du suspense : mon dossier n'a été retenu ni pour l'un, ni pour l'autre. Je pensais que la concurrence était la principale (la seule ?) raison de ce refus. J'ai pris conscience qu'un autre critère entre en compte : la durée. Avant d'accueillir un jeune artiste, l'organisation d'évènements aussi sollicités veut probablement s'assurer qu'il "tient la route", surtout si cette jeunesse vient au moment où l'âge dudit artiste frôle celui de la retraite. Ne s'agit-il pas d'une lubie de senior qui cherche à occuper ses mains et son cerveau ?
Les coaches de "The Voice" ont la la même préoccupation : sélectionner des voix qui dureront et qui, derrière une faille ou une imperfection, cachent un potentiel à développer, un mystère à découvrir, un diamant à façonner pour lui donner l'éclat qu'il mérite.
Une voix parfaite ou déjà entendue ne les intéresse pas. Pendant les auditions à l'aveugle, ils cherchent un étonnement, un trouble qui leur donne envie d'en savoir plus. La qualité des prestations est désormais si élevée qu'il est rare qu'aucun fauteuil rouge ne se retourne. Qu'en est-il pour moi, jeune peintre qui se présente aux portes du marché de l'art, tentant de faire v(al)oir ce que je fais auprès d'un public qui peine à s'élargir ?
Au début, ils chantaient dans leur chambre et je peignais dans ma salle à manger. Nos parents et amis sont devenus nos premiers spectateurs et nous ont encouragés à poursuivre. Nous avons ensuite tenté de nous rendre crédible pour percer au delà de ce cercle indispensable et bienveillant. Les fidèles sont restés inconditionnels et présents. Beaucoup d'autres spectateurs enthousiastes de la première heure ne se manifestent plus, l'attrait de la nouveauté ayant disparu. La durée de ce parcours vite exprimé se compte le plus souvent en années. C'est ce que l'on entend du récit que font la plupart des candidats lorsque, sélectionnés, ils disent qui ils sont et pourquoi ils sont là.
"Ce que vous faites a déjà été vu cent fois !" Cette sentence, entendue récemment à propos de ma peinture, est sans appel. Pourtant rien n'est copié, tout est sincère et authentique. Lorsque j'ai produit mon premier "Geste coloré", je n'avais aucune idée de ce qu'était l'art abstrait ! Georges Matthieu et l'Abstraction Lyrique m'étaient totalement étrangers. J'ai probablement eu la même pulsion libératrice que ces artistes qui ont voulu dans les années 50 s'affranchir des codes et contraintes imposés pendant le second conflit mondial. Ce que je fais n'est pas nouveau. Si je veux être remarqué, je dois proposer autre chose que ma peinture. Ma prestation doit être en phase avec cette fameuse surprise attendue par les coaches.
Je prends conscience, en écrivant ces lignes, que les années précédentes j'essayais de comprendre ce qui provoquait chez les coaches l'envie de se retourner. Au fil des émissions et des saisons, j'ai perçu ce qui les faisait ou non réagir. Avec cette sixième édition, je me sens davantage sur scène et non dans le fauteuil plus confortable et moins risqué de juge.
La question n'est plus "ce que je présente va-t-il susciter l'étonnement ?" mais plutôt "qui suis-je pour les juges ? Qui vais-je présenter d'unique, d'authentique et qui les touche ?". Les candidats, le plus souvent âgés de 16 à 40 ans, ont chacun une histoire. Ils sont sur scène parce qu'ils sentent que c'est leur place dans ce monde. Ils n'ont qu'une chance d'être sélectionnés : être eux-même, que leur voix parle d'eux, qu'elle donne des indices sur qui ils sont, qu'elle révèle des failles et des imperfections dans lesquelles les coaches et le public pourront trouver de l'humain. La perfection engendre l'admiration et la fascination... mais pas l'émotion. Et l'Art, comme la vie, est en relation intime et permanente avec l'émotion.
Où est mon terrain, où est la scène sur laquelle j'ai une place évidente ? Y fais-je de la peinture, de l'écriture ou autre chose ? Une émission télévisée surmédiatisée et bien orchestrée peut divertir... mais aussi amener à des questions existencielles !
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The Paint, Saison 5
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- Le 14/02/2016
- Dans Articles 2016
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Watashiva 3 - Acrylique sur toile - 100x80 - 2016
Je regarde l'émission The Voice depuis la première saison. Avec la saison 5 qui commence, je prends conscience à quel point mon œil et mon oreille ont évolué au fil des années. Je ne la regarde plus avec le même œil, la même oreille mais toujours avec beaucoup d'émotion.
Cette émission, avec son concept de sélection à l'aveugle, m'a aidé, au fil des années, à saisir ce qu'est la personnalité artistique. Lors des 2 premières saisons, j'avais du mal à comprendre que les coaches ne sélectionnent pas des voix que je trouvais extraordinaires et qui m'impressionnaient. En 4 années, je suis passé de l'impression à l'émotion consciente. J'ai appris à faire la part des choses entre la performance, l'intention et la sincérité.
Saison 1 : début 2012, je me débattais avec ma copie de "La Liseuse" de Fragonard, je désespérais de comprendre comment pratiquer l'aquarelle, je tentais 5 heures par semaine de saisir au crayon ou au lavis les silhouettes des modèles. Je voulais "y arriver". Dans The Voice, il y avait ceux qui savaient chanter et ceux pour qui c'était plus... difficile, mais je reste subjugué et admiratif de l'audace des prétendants.
Saison 2 : 2013. J'ose des couleurs improbables en peignant mes montagnes. J'intègre progressivement la notion de composition et aborde les œuvres avec un regard plus critique. A force de répétitions bienveillantes, Delphine, au Ladakh, me permet d'ouvrir certains carcans dont j'étais prisonnier. Le doute devient moteur. Je comprends la notion d'harmonie en peinture et pourquoi des toiles me touchent immédiatement, sans décodage. Dans The Voice, je découvre que ce sont la couleur et la texture d'une voix qui me donne la chair de poule et non la perfection vocale. J'ai l'impression de comprendre comment "ça" fonctionne, pourquoi le frisson arrive.
Saison 3 et 4 : 2014-2015. Je commence cette période en faisant un peu de tout. Je copie Sorolla et Odilon Redon, je crée un livret d'aquarelles "Paris vu de la Seine". J'ai besoin de me situer, de trouver des références. Parmi elles, l'Abstraction Lyrique, Georges Mathieu et Hans Hartung deviennent des ancrages, des ports dans lesquels je me retrouve. En 2015, j'arrête les cours et ne peins plus que des gestes colorés sur des formats de plus en plus grands. Je crée mon site internet, deviens plus visible et suis grâce à cela invité à exposer dans mon premier salon. Dans The Voice, la qualité des prestations augmente mais je ne suis plus surpris lorsqu'un candidat n'est pas sélectionné. Je comprends ce que cherchent les coaches et j'accepte avec bonheur l'émotion qui m'étreint. Je me projettte dans ces jeunes artistes avec plus de confiance
Saison 5 : 2016. Je parcours plusieurs salons et vois de plus en plus d'artistes qui m'inspirent. J'ai le sentiment qu'ils me montrent la voie. Je les aborde tous, dès lors que leurs œuvres me touchent. Sur les stands des salons, je rencontre aussi des agents d'artistes, des galeristes, responsables d'évènements artistiques. Je développe des outils de communication, utilise systématiquement les réseaux sociaux et professionnels... Plus j'explore l'histoire de l'art et l'actualité de la peinture, plus je vois de belles choses, qui me touchent et me transportent. Dans The Voice, le niveau d'ensemble devient TRES élevé. Ça rend humble... Ce que j'entends provoque plus souvent une émotion qui n'est ni une attente, ni une surprise. Je comprends comment on se retrouve sur scène, question de détermination et de hasards.
Comme les artistes qui tentent leur chance à The Voice, je tente la mienne en présentant une candidature ambitieuse pour exposer en fin d'année. Sur 1000 dossiers soumis, une centaine seulement sera sélectionnée. L'émotion suscitera-t-elle la sélection ? La composition du dossier provoquera-t-elle l'intérêt ou, à défaut la curiosité ? Un galeriste m'a dit aujourd'hui que les nouveaux candidats sont rarement retenus. Au pire, j'aurai grimpé la première marche vers mon ambition. Cool !