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Interview sur MyRankart

Interview publiée en mai 2016 sur le site MyRankart.com

Après avoir obtenu le 2ème prix du public à un concours organisé par le site


Medeya : Pouvez-vous vous présenter en quelques mots à nos lecteurs ?
Denis Fournier : Je suis un jeune artiste sexagénaire habitant en région parisienne. J’ai découvert la peinture en 2008 et choisi de m’engager dans cette voie en 2011 à la faveur d’une rupture dans ma vie professionnelle. Je suis ainsi passé de la gestion de projet / production de tableaux de bord à la production de tableaux bien différents. En évoluant de l’univers règlementé de l’entreprise vers la création artistique qui demande de lâcher prise, j’ai dû faire le grand écart entre le contrôle de mon image / de mes émotions et la création intuitive pour laquelle l’émotion doit être livrée sincèrement et absolument.

Medeya : Pratiquez-vous la peinture pour votre loisir ou en tant que professionnel ?
Denis Fournier : J’ai fait mon choix avec l’intention de devenir professionnel. Après le temps de l’apprentissage et de la production est venu celui de la communication : site internet, participation à des concours, candidatures à des salons, tenue d’un blog hebdomadaire, développement du réseau. 2016 doit être l’année du déploiement.

Medeya : Quel a été le parcours professionnel et/ou artistique qui vous a forgé en tant qu’artiste ?
Denis Fournier : Comme beaucoup d’artistes, j’ai appris les fondamentaux dans des ateliers de peinture, copie et dessin pour ensuite prendre une voie plus personnelle à travers l’abstraction. Ayant démarré tardivement mon activité artistique j’ai mis toute mon énergie à découvrir le plus vite possible les techniques picturales, l’histoire de l’art et des artistes. L’expérience vécue en entreprise m’a permis de progresser rapidement dans des domaines où les artistes ne sont pas toujours à l’aise (gestion administrative, marketing, communication) tout en menant une introspection à la recherche de nouveaux repères de vie. Chaque semaine depuis fin 2011, j’alimente mon blog avec un billet sur cette transition, dont l’ensemble (presque 300 articles) forme les « Chroniques d’une renaissance ».

Medeya : Pourquoi avoir choisi la peinture comme mode d’expression plutôt qu’un autre ? Quel a été le déclic ?
Denis Fournier : Un jour de 2008, dans le hall de mon entreprise, j’ai vu une exposition de tableaux réalisés par certains de mes collègues dans le cadre d’une activité du comité d’entreprise. J’ai été subjugué qu’ils arrivent à un résultat aussi bluffant et cela m’a donné envie de faire comme eux. Alors je me suis inscrit au cours de peinture.

Medeya : Votre vie et ses étapes influencent-t-elles votre art et de quelle manière ?
Denis Fournier : Je pense que, dès le plus jeune âge, un instinct artistique existe en chacun de nous. Ce sont ensuite le milieu social, l’éducation, les rencontres, l’enseignement qui font qu’il s’exprime plus ou moins tôt… ou pas du tout. Mon univers était plutôt porté vers la musique et la BD. En parcourant les pages, j’étais fasciné par la façon dont le dessinateur rendait les scènes vivantes. Gigé (dessinateur des aventures du Lieutenant Blueberry) était un modèle qui me semblait inaccessible.
J’ai vécu 32 ans de vie professionnelle bien loin de la peinture mais l’opportunité qui m’a été offerte de participer à des cours au sein de mon entreprise a été déterminante. En cherchant les couleurs, en élaborant une toile, j’ai ressenti un mélange de plaisir et de fierté. Je m’en suis rappelé 3 ans plus tard, lorsqu’il a fallu choisir une nouvelle voie professionnelle. C’est ensuite en côtoyant mes professeurs, en lisant et en faisant un travail d’introspection que je me suis mis sur la voie de l’Art et que j’ai compris ce que sont une posture et une démarche artistiques. Le travail continue, infini, forgeant ma détermination à poursuivre.

Medeya : Comment définiriez-vous votre travail artistique ? Que dites-vous de vos œuvres à quelqu’un qui n’a jamais vu une de vos œuvres ?
Denis Fournier : Je fais un travail intuitif à partir d’un support, des 3 couleurs primaires et d’un outil (couteau ou pinceau). Au moment de commencer à peindre, la difficulté est de « ne pas vouloir ». Je ne dois avoir aucune intention si ce n’est celle de laisser l’intuition passer avant la raison. Je choisis mon support, y positionne mes couleurs, saisis mon outil et le travail gestuel de création commence. Après un certain nombre de gestes vient le temps du recul et de la réflexion : est-ce que j’arrête ou je continue ? Qu’est-ce qui manque ? Qu’est-ce qui va et qu’est-ce qui ne va pas ? Une toile est une suite de décisions prises en fonction de ma perception de l’harmonie et de ma sensibilité à l’équilibre des formes et des couleurs. Je dois aller de l’avant car je ne peux revenir ou repasser sur un geste. Je dois rester aux aguets car une seule « fausse note » peut tout faire basculer.

Medeya : Pourquoi ces choix de sujet, de technique, de style ?
Denis Fournier : L’art abstrait est venu subitement à moi, un jour où m’a pris l’envie soudaine de peindre sans contrainte. J’étais le premier surpris d’avoir réalisé une toile d’un style si éloigné des aquarelles de paysages et des copies de Fragonard, Lempicka ou Cézanne que j’avais réalisées jusqu’ici. Au fil des mois et des expériences, j’ai compris que cette liberté d’entreprendre sur la toile était ma voie d’épanouissement.

Medeya : Qu’est ce qui, de façon générale influence votre peinture (peintre, cinéma, musique, auteur) ?
Denis Fournier : Dans la mesure où je dois avoir un esprit libre (pour ne pas dire vide) au moment où je peins, c’est mon état intérieur « ici et maintenant » qui détermine mes choix de support, de couleurs, de gestes. Je peins parfois en musique mais c’est toujours pour gérer la pression des premiers instants, pour m’aider à me vider l’esprit et non pour trouver l’inspiration.

Medeya : Quel est le point de départ d’un tableau, la genèse d’une œuvre (un schéma, une image, le hasard, l’imagination seule, un peu de tout ça) ?
Denis Fournier : Tout dépend de mon état énergétique. Je me suis rendu compte que je ressens le besoin physique de peindre lorsque j’ai un trop plein d’énergie ou, au contraire, que je suis en déficit. Selon le cas, l’action créative me permet de réguler mon niveau d’énergie en la déversant ou en l’engrangeant. 

Medeya : Avec quel peintre d’hier auriez-vous aimé vous entretenir ? Et pourquoi ?
Denis Fournier : J’aurais aimé observer Cézanne dans son obsession de trouver une nouvelle façon de peindre. J’aurais aimé voir travailler Sorolla ou Rodin pour tenter de comprendre comment ils sont parvenus à rendre leurs œuvres vivantes et lumineuses. J’imagine Fragonard comme un génie qui s’amusait en peignant. J’aurais aimé le voir et l’entendre dans son atelier.

Medeya : Et parmi vos contemporains ?
Denis Fournier : Gerhard Richter me fascine par son côté touche à tout génial et ce qu’il émane de lui en termes de liberté créative et de détermination. Il ose, il construit ses outils. J’admire aussi un photographe comme Gaspard Noël, au talent aussi grand qu’il est jeune. Sa démarche et son engagement forcent le respect.  

Medeya : Pouvez-vous nous citer un tableau que vous rêveriez de voir en vrai ? Pourquoi ce tableau ?
Denis Fournier : J’aimerais voir la « Liseuse » de Fragonard, ma première copie qui fut pour moi une œuvre initiatique. Dans le style abstrait, la gestuelle de Hans Hartung me touche particulièrement. 

Medeya : Selon vous, à partir de quel moment un peintre, un photographe, un musicien… devient un artiste ?
Denis Fournier : A partir du moment où son œuvre dit quelque chose de qui il est, où il livre de lui quelque chose de sincère et authentique. 

Medeya : Quelle est l’exposition d’un autre artiste qui vous a le plus marqué ?
Denis Fournier : L’exposition « Matisse, paires et séries » à Beaubourg. J’ai compris récemment que j’y avais ressenti un « syndrome de Stendhal », tant l’émotion était grande devant certains tableaux. 

Medeya : Quel est votre plus fort souvenir d’exposition personnelle et pourquoi ?
Denis Fournier : Lors de ma deuxième expo personnelle, j’ai voulu faire du vernissage un moment privilégié pour la cinquantaine d’invités. Ce fut une vraie fête dont tous les participants se souviennent.

Medeya : Artistiquement parlant, y a-t-il un rêve que vous n’avez pas encore réalisé ?
Denis Fournier : Peindre une toile de très grand format (5m sur 3). Aujourd’hui, logistiquement, ça m’est impossible.

Medeya : Quelle est votre actualité artistique ? Quels sont vos projets artistiques ?
Denis Fournier : J’expose actuellement au 6ème Salon Gille Anger à Rouxmesnil-Bouteilles (76), près de Dieppe, à la Médiathèque de Toury (28) à côté de Chartres dans le cadre de la 3ème biennale d’Art en Beauce et en entreprise chez Thalès à Vélizy (78).
J’ai fait récemment des rencontres qui m’amènent à exposer en entreprise. J’aimerais, d’une façon ou d’une autre, faire coexister l’univers de la peinture et de l’entreprise. Ils ont beaucoup à apprendre l’un de l’autre. L’artiste est un entrepreneur à part entière dont l’audace et la liberté d’expression peuvent aider à libérer l’énergie, à sortir « hors du cadre », à penser « out of the box ». De son côté, l’entrepreneur peut aider l’artiste à cadrer ses projets, à communiquer et à se vendre dans le bon sens du terme.

Medeya : Pour se faire une idée de votre personnage de façon plus général, j’aime bien soumettre à nos artistes invités les questions un peu naïves du thème de l’île déserte…
-Sur une île déserte vous emportez…

    *Quel film ? Une vidéo du concert de Bowie à Auteuil en 83
    *Quel livre ? « Retour à la montagne » de Frison-Roche ou « L’Etranger » de Camus
    *Quelle musique ? Du banjo et de la guitare, sous toutes ses formes. L’idéal serait une compil d’électro, de pop-rock, de country et de bluegrass dans laquelle il y aurait, dans le désordre, Nitty Gritty Dirt Band, Bowie, Duran Duran, Tim Mc Graw, James Taylor et Led Zeppelin
    *Quel objet ? Un Opinel pour le côté pratique
    *Lequel de vos tableaux ? Deep Blue, dont l’ambiance marine serait de circonstances

Medeya : Quel voyage aimeriez-vous encore faire ?
Denis Fournier : Découvrir la Nouvelle-Zélande.

Merci Denis !

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